<< Retour aux articles
Image  Marjorie Paillon, Stéphane Baller, Sabrina Gabteni, Pascal Alix, et Alexia Arno

Rendez-vous en terre d’IA : les juristes entrepreneurs de demain

Affaires - Immatériel
25/04/2024
Comment les professions du droit innovent-elles ? Faut-il impulser une culture entrepreneuriale auprès des étudiants ? Faut-il assouplir les règles déontologiques pour mieux concilier exercice d’une profession juridique et entreprenariat ? Des éléments de réponses ont été apportés lors de la première Édition du Forum des Éclaireurs du Droit consacrée à l’intelligence artificielle (IA) et à la pratique du droit.
C’est sur le lien étroit entre innovation et professions juridiques que portait la deuxième table ronde de la première Édition du Forum des Éclaireurs du Droit dénommée « Quels nouveaux horizons pour les juristes ? ». Animée par la journaliste Marjorie Paillon, cette table ronde sous le thème de l’audace a réuni Sabrina Gabteni, avocate et fondatrice d’Avocajust, Alexia Arno, diplômée notaire et co-fondatrice de Clésame, Pascal Alix, avocat associé du cabinet VirtuaLegis et Stéphane Baller, avocat of Counsel chez De Gaulle Fleurance & Associés et co-créateur du Diplôme Universitaire Transformation numérique du droit et legaltech à Paris Panthéon-Assas.
 
Mettre la technologie au service de l’humain
 
« Innover c’est dans l’ADN des professions du droit ? », demande la journaliste Marjorie Paillon aux quatre intervenants de la table ronde. C’est évident, considère Sabrina Gabteni. L’innovation est un état d’esprit qui implique de vouloir s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation en améliorant les services existants. La technologie en est le moyen. Elle permet de rendre la justice plus accessible et plus efficace pour les justiciables. C’est justement l’objectif poursuivi par sa plateforme Avocajust. Véritable interface de mise en relation entre avocats et citoyens, elle va également devenir une plateforme d’accès aux droits.
 
Cette vision est également partagée par Alexia Arno, co-fondatrice de Clésame. Selon elle, l’objectif de l’innovation n’est pas de rompre avec l’existant mais de le faire évoluer « en fonction des besoins de la société ». Cette position est assez marginale dans le notariat du fait de l’interdiction pour les notaires d'exercer une activité de commerçant ou de diriger une société commerciale en parallèle de leur profession. « La déontologie nous contraint à ne pas être totalement libres comme le sont d’autres entrepreneurs qui proposent les mêmes services sur le marché du droit » confirme Maître Sabrina Gabteni. C’est pour cette raison qu’Alexia Arno a créé le LAB notaire, association loi 1901, ayant vocation à incuber les idées du notariat et à leur donner vie. Sa plateforme Clésame, fonctionnelle d’ici fin 2024/début 2025, visant notamment à simplifier la succession pour les héritiers et les notaires, en est issue. Elle prévoit d’intégrer dans sa solution un dispositif permettant le passage de la mort juridique à la mort numérique, sujet jusqu’ici absent des successions.
 
Enfin, pour Maître Pascal Alix, il existe une particularité du juriste entrepreneur qui doit trouver un équilibre entre la recherche d’innovation et le devoir de prudence qui s’impose aux professionnels du droit. Selon lui, la technologie de l’intelligence artificielle (IA) peut rendre d’immenses services, mais elle doit être utilisée avec discernement. Et, citant Jean Cocteau, il rappelle que « le tact dans l'audace, c'est de savoir jusqu'où on peut aller trop loin ».
 
L’importance de développer une culture entrepreneuriale
 
Pour l’Université, il y a donc un vrai défi à essayer d’accompagner les étudiants dans la découverte de l’entreprenariat, explique l’avocat et professeur Stéphane Baller. Il existe déjà plusieurs dispositifs tels que « Pépite » ou encore le statut de l’étudiant entrepreneur. A cet égard, il est important de former les juristes à utiliser et choisir les outils de l’IA. Surtout, il est urgent de favoriser le dialogue entre les ingénieurs, les développeurs et les juristes. L’université Paris Panthéon-Assas a, en ce sens, créé un programme commun avec l’école d’ingénieurs l’Efrei autour de la Legal Tech.
 
Finalement, le juriste de demain est aussi un entrepreneur qui devra faire preuve d’innovation pour s’adapter aux évolutions sociétales et technologiques afin d’apporter les meilleures réponses à ses clients. Les Universités doivent donc prendre en compte cette nécessité et diffuser la culture entrepreneuriale dès les premières années de formation de leurs étudiants.
Source : Actualités du droit